Avant les Bulls de Chicago, les Raptors de Toronto et même Nike Basketball, la première passion de Marc Eversley était le hockey. Après avoir déménagé à Toronto de Londres en Angleterre avec sa famille à l’âge de 4 ans, l’actuel directeur général des Bulls de Chicago a trouvé ses premières idoles sportives sur la glace.
« Quand j’étais petit, j’étais un partisan de hockey, » a dit Eversley. « Les héros de mon enfance, avant le basket, étaient Darryl Sittler et Börje Salming. C’est Toronto. On grandit et il fait froid dehors. Tu vas dehors et tu joues au hockey de rue. C’était ma première introduction au sport. »
Même si le hockey était sa première passion, ça n’est pas resté sa seule passion pour longtemps. Tous les dimanches, Eversley était devant la télé et regardait tous les matchs NBA qui y étaient diffusés. Et dans la plupart des cas, c’était les Lakers de Los Angeles.
« C’était mon premier souvenir en basket, » a-t-il dit. « Les Lakers. James Worthy, Magic [Johnson]. C'étaient mes premières idoles en basket. Ça a beaucoup joué sur la suite de ma vie. »
Même si Eversley jouait au hockey quand il était petit, il a rapidement essayé d’autres sports, y compris le volley, mais c’est le basket qui est resté. Mesurant 6 pieds 8 pouces aujourd’hui, pour Eversley c’était un choix évident.
« Quand vous êtes plus grand que les autres enfants et que vous pratiquez un sport… » a-t-il dit en riant. « C’est vraiment en jouant au basket que j’ai pu gagner en confiance. J’étais un athlète doué, pour ainsi dire. Et vous savez, je me suis simplement rapproché du basketball.”
La famille d’Eversley a déménagé à Brampton avant qu’il ne devienne adolescent. C’est là que ses rêves en basket ont commencé à se former.
C’est quand il a joué pour Steve Pettit à Cardinal Léger Secondary School à Brampton qu’il s’est vraiment passionné pour ce sport. Même si cela fait des années qu’il a quitté l’école, il est resté en contact avec ses anciens coéquipiers, qui font d’après lui partie de ses meilleurs amis encore aujourd’hui.
« C’était il y a plus de 30 ans et je suis encore amis avec tous ces gars-là aujourd’hui. » a dit Eversley. « Je les adore tous et ils sont très importants dans ma vie.”
Quand il a été recruté par les Bulls, faisant de lui le premier individu entraîné à la canadienne à devenir directeur général en NBA, Pettit lui a immédiatement envoyé un message pour le féliciter.
(Photo: Bulls de Chicago)
Après le secondaire, Eversley a quitté le Canada après avoir obtenu une bourse pour jouer au basket aux États-Unis. Même s’il avait un vrai talent en tant que joueur de basket, il a rapidement porté son attention sur les études dans le but d’obtenir un diplôme en marketing.
« Il y avait deux parcours lors de ma troisième année à l’université, » a-t-il dit. « Je me suis dit, ‘ Quel est ton niveau en basket et quel genre d’étudiant souhaites-tu devenir ? ’ J’ai littéralement eu cette conversation avec moi-même. Avec cette sorte d’introspection sur moi-même, je me suis dit, ‘ Tu sais, tu es bon, mais tu n’es pas si bon que ça. Tu dois trouver un moyen d’obtenir un diplôme et peut-être te servir de ces deux choses dans la prochaine étape de ta vie.’ »
Après avoir obtenu son diplôme, Eversley a fait une liste des entreprises pour lesquelles il voulait travailler, et Nike était tout en haut de cette liste. Alors que l’automne approchait après son passage à l’université, Eversley était de retour à Brampton. C’est là qu’il a remarqué une pub « dans les petites annonces, à l’époque » pour des postes dans le premier magasin d’usine Nike Factory qui allait ouvrir en Ontario.
« J’ai appliqué, envoyé mon CV et un mois plus tard, j’étais engagé pour travailler à Cookstown en Ontario et je ne savais pas du tout où était Cookstown en Ontario, » a dit Eversley. « Je savais juste que c’était Nike et je voulais en faire partie et voir jusqu’où je pouvais aller au sein de l’organisation. »
Onze ans plus tard, Eversley avait fait carrière chez Nike et il était devenu gérant en marketing sportif pour toutes les propriétés en basketball du Canada. Dans ce rôle, il devait notamment travailler avec les athlètes canadiens de la NBA ainsi que ceux de Canada Basketball.
« Je commençais vraiment à comprendre ce que signifiait le basketball au Canada, » a-t-il dit. « Pour moi, ça voulait dire essayer de me démarquer pour donner plus de visibilité à la marque. J’ai fait ça en créant mon réseau, et je m’efforçais toujours à essayer de connaître les gens qui faisait partie de ce monde, peu importe leur poste, que ce soit Glen Grunwald, qui dirigeait les Raptors à l’époque ou Stu Jackson, qui dirigeait les Grizzlies de Vancouver à l’époque. Je voulais que ces personnes sachent qui j’étais et pour qui je travaillais et pourquoi. »
Eversley a commencé à travailler étroitement avec les meilleurs athlètes du Canada, y compris Steve Nash et Rowan Barrett avec Équipe Canada, ainsi que Vince Carter et Alvin Williams avec les Raptors. Pour lui, les Jeux olympiques de Sydney en 2000, quand l’équipe masculine canadienne a terminé 7ème, font partie de ces moments qui lui ont fait comprendre que le monde du basketball était fait pour lui.
« J’étais vraiment heureux d’être là, » a-t-il dit. « Ils ont fait un très beau parcours aux Jeux olympiques et ils ont failli remporter une médaille. J’étais fier de ce moment parce que d’une part j’étais Canadien, mais aussi parce que je suis ici grâce au basketball. C’est le basket qui m’a amené si loin. »
Eversley est passé de professionnel en marketing à un poste de cadre en NBA quand le directeur général de l’époque des Raptors Bryan Colangelo l’a engagé en tant que directeur des opérations basketball. Eversley a passé sept ans avec les Raptors et a occupé les rôles de vice-président de la détection des joueurs et de directeur général adjoint avant de partir pour travailler avec les Wizards de Washington en 2013. Ensuite, il a passé du temps avec les 76ers de Philadelphie avant l’annonce de son recrutement au poste de directeur général de Chicago en mai 2020.
(Photo : Bulls de Chicago)
Nous avons eu une saison morte très chargée l’été dernier, puisqu’ils ont ajouté l’étoile DeMar DeRozan à Chicago pour l’associer à l’étoile des Bulls Zach LaVine. C’était en quelque sorte des retrouvailles pour DeRozan et Eversley, qui était avec les Raptors quand l’équipe a repêché DeRozan en tant que neuvième choix lors du repêchage NBA 2009. Les Bulls ont aussi recruté les gardes Alex Caruso et Lonzo Ball avant le début de la saison, après avoir échangé leur centre Nikola Vucevic lors de la date limite des échanges NBA en 2020. Il y avait des doutes avant le début de saison, on se demandait comment le groupe allait fusionner. Après 50 matchs, les Bulls ont fait taire toutes les critiques, réussissant à se positionner à la première place du classement grâce à une fiche de 32-18.
« Je sentais que ça allait bien fonctionner, » a dit Eversley.
S’il y a bien une personne qui n’est pas surprise de la réussite d’Eversley alors qu’il n’a passé que deux saisons complètes avec les Bulls, c’est Wayne Embry, le conseiller basket des Raptors de Toronto. Ce qu’a remarqué Embry lorsqu’ils étaient tous les deux ensembles à Toronto, c’était la confiance qu’Eversley en ses opinions, même au début de sa carrière.
« Marc voulait toujours apprendre, » a dit Embry. « Sa carrière est excellente, il a passé beaucoup d’années chez Nike, il connaît bien Canada Basketball donc j’ai pensé qu’il allait avoir un avenir prometteur. Nous avons eu des débats sur les joueurs et il était ferme sur ce en quoi il croyait. Il prenait ses décisions en se fiant à ses opinions et c’est ce qui m’a impressionné. Beaucoup de jeunes gens vont essayer de faire plaisir plutôt que de s’opposer. Ils devraient dire qu’ils ne sont pas d’accord, que c’est leur opinion, point barre. Et c’est ce qu’il faisait.
« Il inspire le respect, » a continué Embry. « Et il respecte les autres et je pense que c’est très important dans cette industrie. Les relations sont très importantes dans cette industrie. »
Eversley considère Embry comme un mentor et il est reconnaissant de l’avoir rencontré quand il travaillait à Toronto. En tant que premier directeur général noir des Bulls, Eversley souligne qu’Embry est devenu le premier directeur général noir de l’histoire du sport professionnel, quand il est devenu directeur général des Bucks de Milwaukee en 1972.
« Mr. Wayne Embry parle des premières mais lui aussi a été le premier, » a dit Eversley. « Il m’a appris à être bien dans ma peau et à croire en mes convictions. Grâce à lui, j’ai appris à être confiant à chaque fois que je me tiens devant un groupe, peu importe ce qu’on fait, par exemple si on sélectionne un joueur ou si on essaie de construire une équipe. Vous savez, il a connu plus de gens qui ont douté de lui que nous tous réunis, et il a réussi à en arriver jusque-là. Et il m’a toujours dit que je pouvais toujours réussir tant que je travaillais dur pour ça. Et je suis profondément reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi. »
Eversley est conscient de l’importance du rôle qu’il occupe aujourd’hui, mais il souligne également qu’il veut aider les autres à réaliser leur rêve d’occuper un poste comme celui-ci.
« Je suis très humble, » a-t-il dit. « C’est un rêve qui se réalise. Mais pour moi, le but n’est pas juste d’être le premier, mais de continuer à partager mon histoire et d’inspirer les enfants à rêver parce que c’est possible. Je suis né à Londres en Angleterre. J’ai grandi à Jane et Finch. J’ai déménagé à Brampton et maintenant, j’occupe ce rôle et je pense que je dois aider les autres et les inspirer au lieu de seulement raconter mon histoire et dire que j’étais le premier. »
(Photo : Bulls de Chicago)
Embry reste aussi engagé à rendre ce parcours plus facile pour ceux qui suivront.
« Ne serait-ce pas super de pouvoir juste dire que Marc a été nommé directeur général des Bulls de Chicago ? » a dit Embry. « C’est ce que j’ai dit quand j’ai été nommé directeur général à Milwaukee. Ça va faire 50 ans cette année. Quand j’ai été nommé directeur général, on m’a demandé si c’était important pour moi d’être le premier et j’ai répondu que je devais évidemment reconnaître que, comme l’a dit Jackie Robinson en baseball, ce n’est important pour moi que parce que c’est important pour les autres et j’espère qu’un jour ça ne sera plus important. »
Embry et sa défunte épouse Theresa ont été mis à l’honneur en mai dernier par leur alma mater, Miami University. L’école a dévoilé une statue à l’entrée de la salle de basketball représentant Embry dans sa position célèbre en tir crochet. En plus de la statue, l’école a annoncé la bourse Wayne Embry qui soutiendra les athlètes étudiants. L’université a aussi attribué à Embry et Theresa le prix Liberté de l’été 64 qui est remis chaque année à un leader prestigieux qui a inspiré la nation pour son combat pour les droits civiques et la justice sociale.
À cela s’ajoute le programme de mentorat Wayne et Theresa Embry avec les Raptors. Le programme donne l’opportunité à deux Canadiens d’engranger de l’expérience au sein des opérations du basketball professionnel.
« Je suis content de ça parce que je veux voir les jeunes réussir dans cette industrie et les jeunes que nous avons eu jusqu’ici réussissent bien pour l’instant et cela me rend vraiment très heureux, » a dit Embry. « Je suis content que nous ayons ajouté le nom de ma femme parce qu’elle a fait beaucoup de sacrifices pour moi. Comme je l’ai dit il y a quelques mois, quand j’ai reçu un prix en son honneur à notre université, j’ai dit, ‘ 75 pour cent de ce prix est pour ma femme qui n’est plus parmi nous, c’était elle la pionnière ’ et ajouter son nom à ce programme de mentorat m’a fait vraiment plaisir. »
En plus d’Embry, Eversley parle de la relation étroite qu’il a avec le président des opérations de basketball chez les Raptors Masai Ujiri, l’ancien directeur général des Raptors General Manager Bryan Colangelo, ainsi que Lynn Merritt quand il travaillait chez Nike.
« [Merritt] est vraiment la personne qui m’a appris combien les relations étaient importantes, » a dit Eversley. « Vous savez, quand je travaillais pour les Raptors à Toronto, je travaillais pour Bryan et je l’adore et je le considère comme un ami proche. Il m’a vraiment appris à avoir la bonne attitude dans toutes sortes de situations, quand j’étais au bord du terrain ou dans un vestiaire ou dans une salle de réunion avec les dirigeants, comme s’il avait déjà tout fait et tout vu… And Masai, j’ai travaillé avec lui à Toronto et nous avons forgé une très bonne relation et je pense que c’est le meilleur cadre au monde…Je le considère comme mon ami. Ce n’est pas un cadre pour moi, c’est un ami. »
(Photo : Bulls de Chicago)
En plus de son rôle avec les Bulls, Eversley a aussi rejoint le conseil d’administration de Canada Basketball en juin dernier. Pouvoir voir de si près la progression du basket en termes de popularité quand il travaillait chez les Raptors, était très spécial, même si maintenant il voit ça des États-Unis.
« C’est incroyable de voir la progression de notre sport et de constater le niveau que ce sport a atteint aujourd’hui, » a dit Eversley, repensant à l’époque où il travaillait pour Nike avec Canada Basketball et les Raptors. « J’avais de la chance parce que j’étais au milieu de tout cela. J’étais le gars qui courait partout pour donner des baskets Nike à ces joueurs. Pour moi, c’est vraiment cool de voir comment ça a évolué. »
Le parcours d’Eversley est devenu une inspiration pour beaucoup de personnes qui le supportent à la maison. Sa propre inspiration commence aussi ici. « Évidemment, le basket m’inspire mais je suis aussi inspiré par ma famille, » a-t-il dit. « Mes meilleurs amis sont toujours les meilleurs amis que j’avais quand j’ai grandi à Toronto. Et ma famille. C’est Jen, qui est ma partenaire et ma femme et nous avons deux petites filles. »
Eversley raconte que sa plus grande fille a commencé à jouer au basket et que sa fille de cinq ans « adore Benny the Bull [la mascotte des Bulls]. » Il dit qu’elles commencent à aimer et à comprendre le sport avec lequel elles grandissent. On ressent le bonheur d’Eversley quand il parle de sa famille.
« Elles m’inspirent, » dit-il. « C’est pour ça que je me lève le matin et que je travaille aussi dur, pour les rendre heureuses. »