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Canada basketball

Selon ses propres mots – Doc Ryan

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7/2/2022

Depuis 15 ans, « Doc » Ryan est l’entraîneur adjoint de l’équipe masculine de basketball de St. Francis Xavier (St. FX). Il a passé beaucoup d’années avec son ami l’entraîneur Steve Konchalski qui a pris sa retraite à St. FX l'année dernière (mars 2021).

Doc a aussi passé 12 ans en tant qu’entraîneur adjoint du programme national masculin canadien. Il a aussi réussi à passer 17 ans en tant qu’entraîneur-chef de l’équipe féminine de St. FX et huit ans en tant qu’entraîneur-chef de l’équipe masculine à Dalhousie.

Doc a aussi été élu entraîneur AUS de l’année en 1999-2000. Mais avant de devenir entraîneur, il a été joueur et a fait partie de la deuxième équipe canadienne en 1976-77 (UQTR), de la première équipe étoile AUS en 1977-78 et de la deuxième équipe étoile AUS en 1978-79 (St. FX).

On peut trouver la plupart des informations mentionnées ci-dessus sur le site internet de St. FX. Mais ce que beaucoup de gens ne savent pas c’est que Doc était aussi l’un des seuls joueurs noirs de l’équipe nationale masculine de basketball du Canada.

Le chemin qu’il a parcouru pour devenir le « premier » et les expériences que Doc a eues en tant que joueur de l’équipe nationale est une histoire qui vaut la peine d’être racontée.

Et qui de mieux que Doc Ryan pour raconter son histoire :

Je suis né à Dutch Antilles à Aruba. Puis mes parents sont allés à Montserrat, puis ils ont déménagé à Montréal. J’ai vécu ensuite avec ma tante à New York mais je suis retourné à Montréal pour finir le secondaire. Quand j’étais au secondaire, je faisais beaucoup d’aller-retours entre New York et Montréal.

J’ai eu une bonne enfance, plutôt normale, rien de spécial. Je faisais beaucoup de sport -- du football américain, du hockey, du baseball et du basketball. J’étais très sportif.

Quand j’étais petit, je passais mes étés dans les projets de Bedford-Stuyvesant à Brooklyn dans New York. J’ai commencé à jouer au basket quand j’avais sept ou huit ans. Mais même si j’étais meilleur en football américain, j’ai développé une vraie passion pour le basket. J’ai continué à jouer et je me suis amélioré.

Il y avait beaucoup d’arnaqueurs et de proxénètes dans le quartier. Le basketball m’a permis de rester éloigné des gangs et de tout ça. En grandissant, les gars du quartier me protégeaient car ils savaient que le basket était un moyen pour moi de m’en sortir.

Mais mon cousin était probablement le facteur clé dans ma vie en ce qui concerne le basketball. Son nom est Austin Finnigan, mieux connu sous le nom de Clem the Gem. Je vivais avec lui dans la maison de ma tante et on jouait pratiquement tous les jours tous les étés.

Nous allions de parc en parc ! Nous avons participé au Tournoi Rucker et nous avons joué sur un terrain qu’on appelle The Hole à Brooklyn et qui est bien connu. J’ai eu la chance de jouer avec et contre beaucoup de pros au début de ma carrière ce qui m’a vraiment aidé dans mon développement.

Quand j’étais à Montréal, j’ai eu la chance de représenter l’équipe provinciale du Québec en 1970 et nous avons remporté la médaille d’or aux Jeux du Canada. Après ça, j’ai participé à des essais avec l’équipe nationale en Colombie-Britannique, mais je n’ai pas intégré l’équipe, Il y a des gens comme Ken Shields,qui était là et qui m’ont dit que j’aurais dû être sélectionné pour rejoindre l’équipe. Et j’ai vraiment le sentiment que j’aurais dû faire partie de l’équipe.

Je n’avais que 16 ans à l’époque et j’étais le seul joueur noir du camp. Et même si la plupart des autres joueurs était plus vieux que moi, j’étais assez bon pour faire partie de l’équipe.

Après le camp, j’ai quitté le Canada et j’ai déménagé aux États-Unis. J’ai fini par obtenir une bourse à Knoxville College dans le Tennessee. J’y ai passé un an. C’est à Knoxville qu’on a commencé à me surnommer Doc.

Il y avait un enfant dans le parc qui était considéré comme le meilleur joueur du quartier et nous nous sommes rencontrés. Il s’appelait Doctor P … Petey. J’ai joué contre lui et après l’avoir battu, les gars ont commencé à m’appeler Doctor P. Au début on m’appelait Doctor P du Tennessee. Mes gars m’appelaient juste Doc.

Après avoir quitté Knoxville, je suis allé à Florida A&M. J’ai été diplômé de FAMU en 1976 et je voulais essayer de rejoindre l’équipe nationale. Mais quand je suis arrivé à Montréal, l'équipe se préparait pour les Jeux olympiques de 1976. J’avais manqué les essais et Jack Donahue m’a dit qu’il était trop tard pour rejoindre l’équipe.

Cela dit, on a demandé à plusieurs amis et moi-même de former une équipe pour jouer contre quelques pays qui étaient à Montréal pour les Jeux olympiques. Nous avons joué contre Cuba, Porto Rico… Nous avons joué contre eux à l’Université McGill. On s’est bien battus. On avait une bonne équipe.

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Ce qui est drôle c’est que j’avais déjà joué contre pas mal de joueurs de l’équipe portoricains à l’époque où j’étais à New York… Butch Lee, Hector Blondet. Je leur ai dit : qu’est-ce que vous faites ici. Ils ont dit qu’ils « venaient de Porto Rico et donc on les appelait New Yorican. »

Juste après les Jeux olympiques en 1976, j’ai fini par aller à l’Université du Québec à Trois-Rivières avec une bourse partielle. J’étais le meilleur pointeur de la nation avec une moyenne de 30,6 points et 19 rebonds par match. J’étais le deuxième meilleur rebondeur. On peut dire que je remplissais bien la feuille de marque.

Voici une histoire drôle. Mon cousin m’a appelé l’autre jour de New York. Je suis en cours. Il me dit, « Doc, devine avec qui je suis maintenant. » Et je lui ai répondu qui ? Il m’a dit, « Je suis au country club, et je fais du golf avec Dr. J (Julius Erving). »

Mon cousin me dit qu’ils ont commencé à parler basket. Donc Dr. J a dit, « c’était qui le gars à l’époque qui avait des stats comme dans les jeux vidéos ? » J’ai trouvé intéressant que Dr. J se souvenait de ça après tant de temps.

Après avoir réalisé ces statistiques à UQTR, j’ai été nommé dans l’équipe-type canadienne et j’ai rejoint l’équipe nationale cet été-là. Mais la façon dont je suis allé au camp était intéressante.

J’étais allé à Halifax pour recevoir mon prix « All-Canadian » et Jack Donohue et moi avons pris le même avion pour rentrer. Donc Jack me dit dans l’avion, « j’aimerais bien que tu participes aux essais pour intégrer l’équipe nationale. »

À ce moment-là, je connaissais bien mon niveau … je ne parlais pas en l’air. Donc je lui ai dit que ce serait un honneur de jouer pour son équipe. Il m’a dit, « non Doc, je veux que tu passes par les essais. » Et j’ai dit, coach, je serais honoré de faire partie de votre équipe. Puis il a dit, « Doc, ici on dit les essais. »

J’ai dit, coach je ne suis pas là pour essayer. Je vais faire partie de l’équipe. Cela va sans dire que j’ai intégré l’équipe et que j’ai fait partie du cinq de départ pendant les quatre années qui ont suivi.

Les gens me demandent toujours quel poste j’occupais. À l’époque, je jouais tous les postes. Je faisais ce que le coach me demandait. Parfois j’étais centre parce que je sautais haut. Mais j’étais aussi très à l’aise avec le ballon. J’ai appris ça quand j’étais à New York. Je savais aussi plutôt bien défendre sur tous les postes.

Pendant quatre ans, j’ai défendu sur les meilleurs pointeurs du monde à chaque fois qu’on jouait. Oscar Schmidt du Brésil, Sergei Belov de Russie, Pierluigi Marzorati d’Italie, Ruben Rodriguez de Porto Rico ... et ainsi de suite. À chaque fois qu’on jouait contre une équipe, je défendais sur le meilleur pointeur.

Jouer pour Équipe Canada était une super expérience. Les gars étaient tous positifs. On était très proches. Des gars comme Leo Rautins, Jim Zoet, Martin Riley, Romel Raffin. On a eu des moments difficiles dans beaucoup de pays. On s’est très bien rapprochés.

On était très soudés et très bons grâce à Jack Donohue. Il savait rassembler les gens. Les gars pouvaient courir vers un mur pour lui. Il a tiré le meilleur de nous-mêmes.

Un des moments les plus difficiles c’était quand nous avons appris que le Canada n’allait pas participer aux Jeux olympiques de Moscou 1980. Nous étions à Ottawa au moment où on a appris la nouvelle. Les gars étaient démoralisés parce qu’on pensait qu’on avait une bonne chance de remporter une médaille.

Après ça, l'équipe s’est séparée et j’ai pris ma retraite l’année suivante. Ou du moins j’ai essayé.

J’étais entraîneur à Dalhousie à ce moment-là. Jack était un train de former un nouveau groupe - Karl Tilleman et John Hatch faisaient partie de cette équipe. Jack m’a engagé à Noël pour aider à entraîner l’équipe. Nous avons joué notre premier match lors du Cuba Challenge à Windsor et nous avons perdu. Lors du match suivant, Jack m’a demandé de mettre mon chandail. J’ai débuté au poste d’arrière et nous avons gagné les deux rencontres suivantes.

Mais après ça j’ai arrêté. J'ai continué mon rôle d’entraîneur à Dalhousie les huit années qui ont suivi. J’étais le premier entraîneur noir de la conférence CIAU. Après avoir quitté Dalhousie, je suis allé à St. FX et Père Keough m’a demandé de rester pendant deux ans et si j’aimais ça, je pouvais rester. Sinon je pouvais partir.

Le reste fait partie de l’histoire. J’ai fini par entraîner l’équipe féminine pendant 17 ans. Et depuis, j’enseigne à Frank H. Macdonald Middle School et je suis entraîneur adjoint de l’équipe masculine à St. FX depuis 17 ans.

Le basketball ça représente beaucoup de choses pour moi. J’ai rencontré ma femme grâce au basket. J’ai pu voyager partout dans le monde plusieurs fois. Le basket m’a ouvert beaucoup de portes. Cela m’a permis d’aller à l’université.

Ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, c’est que j’ai cinq diplômes maintenant. Et aujourd’hui, grâce au basket, je fais ce qui me plaît et c’est l’enseignement.

Que ce soit sur un terrain de basket ou dans une salle de classe, j’aime beaucoup enseigner aux enfants. Donc c‘est là que vous pouvez me trouver.

Les remerciements de Doc :

Même si le basketball m’a beaucoup apporté, je serais négligent si je ne mentionnais pas les personnes qui ont été instrumentales pour m’aider dans mon parcours.

Mes chers amis Cheryl et Denis Coleman qui a joué avec moi à Tennessee. Vic Aurawood qui a été mon entraîneur à Tennessee. Clem Johnson, Ed Moran et Ajac Triplett qui ont joué avec moi à Florida A&M. Mon mentor au secondaire, Patrick Thornhill au Québec. Gil Booty Green, Greg Winston et V. Gurunlian qui ont joué avec moi à X. Mickey Fox et tous mes coéquipiers de l’équipe nationale senior masculine, les entraîneurs Ken et Cathy Shields, tous les frères avec qui je me suis battu avec nos équipes nationales, les personnes que j’ai pris plaisir à entraîner, comme Donna Sanderson, Theresa MacCuish et le reste de l’équipe. Mon bon ami Coach K. Harley Lawrence et Ivor Lewis, des vrais compétiteurs qui m’ont aussi aidé à entraîner mes équipes à X. Je veux aussi remercier Tyrell Vernon et Denton Anthony que j’entraîne aujourd’hui à X.  Un grand merci à Steve Nash et surtout Rowan Barrett que j’ai eu le plaisir d’entraîner. Et aussi Jack Donohue et sa famille.

Et un grand merci à ma famille pour leur amour et leur soutien.

Pardon à toutes les personnes que j’ai pu oublier.

Je vous aime tous,

Doc