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Canada basketball

Jevohn Shepherd poursuit ses rêves de basket chez lui

Anciens

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18/12/2020

Au pic de sa carrière de joueur, Jevohn Shepherd se réveillait parfois au milieu de la nuit en sueur. Même si tout allait bien. Peut-être parce que tout allait bien justement, il commençait à s’inquiéter de la suite.

“Je m’amusais beaucoup, je jouais à un très haut niveau et je me disais, ‘Oh mon dieu, qu’est-ce que je vais faire après ça ?’” a dit Shepherd.

Ce qui se passe après ça, après avoir joué plus de dix ans en tant que joueur de basket professionnel autour du monde, c’est que Shepherd continue de s’amuser et de vivre sa passion du basket. Mais cette fois, il le fait dans le rôle d’analyste TV avec la LCEB, et maintenant, en tant que nouveau Directeur Général des Blackjacks d’Ottawa de la LCEB.

Après que l’annonce ait été faite, Shepherd était ravi, mais aussi content de faire bouger les choses. Au cours d’une année qui a changé, repoussé ou annulé tous les plans de manière indéfinie, occuper le poste de Directeur Général dans des temps incertains est un défi unique pour 2020.

“Il y a eu beaucoup de changements ces derniers jours mais tout s’est calmé et tout est revenu à la normale, ce qui est super,” a dit Shepherd. “C’est une bonne nouvelle, mais rien ne va vraiment commencer avant quelques mois.”

La nervosité à se demander ce qui allait se passer après a été remplacé par un calme qui ne peut se manifester que lorsqu’on sait exactement où on veut être.

“C’était génial,” a dit Shepherd au moment où il a appris la nouvelle. “Je me suis senti très bien parce que j’ai de bonnes relations avec la communauté du basketball. Nous avons de bons rapports.

“J’étais vraiment content parce que je me disais, ‘Ça peut être un travail ? Quelque chose que je fais tous les jours ?’” a continué Shepherd. “Parler et communiquer avec les amis avec qui ou contre qui j’ai joué ? Arriver avec un projet et avoir un but commun ? Je dois remercier les Blackjacks d’Ottawa de m’avoir donné cette opportunité.”

Les athlètes professionnels consacrent tellement de leur vie à accomplir le but de jouer au niveau professionnel, et quand ils y arrivent, ils savent que ce sera beaucoup plus court que les boulots « normaux ». Partir à la retraite autour de 35 ans est en général une indication d’une carrière longue qui dure dans le temps. Ayant conscience que la fin de sa carrière approchait, Shepherd a commencé par contacter les personnes qu’il connaissait qui avaient fini leur carrière et qui avaient réussi à faire une transition après le basket. Parmi ceux qu’il avait contacté, il y avait son ancien coéquipier et capitaine de l’Équipe Nationale Senior Masculine Jermaine Anderson.

“Avoir un système de soutien important facilite beaucoup les choses,” a dit Shepherd. “On apprend beaucoup des gars qui sont passés par là et qui ont connu ce processus aussi. Ça aide beaucoup. Jermaine Anderson m’a énormément aidé. J’ai eu beaucoup de mentors au cours de ma carrière également. Les choses commencent à se défaire petit à petit. On commence à identifier ce que l’on veut après et on commence à appliquer encore une fois tout ce qu’on a accompli jusqu’ici dans notre carrière de joueur, sauf que maintenant c’est pour un autre chemin.”

Comme Shepherd, l’après-carrière d’Anderson l’a mené vers la LCEB, où il a été nommé directeur général des Honey Badgers d’Hamilton plus tôt cette année.

Shepherd est bien enraciné dans le basket. Sa passion pour ce sport a commencé quand il était petit lorsqu’il regardait son oncle jouer au parc. Même s’il était trop jeune pour rejoindre les adultes et jouer avec eux, il observait patiemment, puis a eu la chance de pouvoir passer le ballon jusqu’à ce qu’il devienne assez grand pour jouer.  Bien qu’il repense souvent à ses souvenirs d’enfance au parc, il crédite aussi l’arrivée de la franchise des Raptors de Toronto pour son amour du basket grandissant.

“L’influence de Damon Stoudamire et de Vince Carter, ces gars qui sont des personnages mythiques, mais en même temps ils ont aidé à développer cet amour à travers l’influence qu’ils ont” a dit Shepherd. “Il y a toujours l’amour pour Michael Jordan, tout le monde aime Jordan, mais les Raptors de Toronto étaient à nous. Ça nous a donné une identité en tant que joueurs canadiens de basketball et cela a aidé à créer cette culture basket.”

Après être parti lorsqu’il avait 18 ans pour jouer avec l’Université du Michigan, Shepherd savait qu’il irait n’importe où où sa carrière de joueur de basket allait le mener. Il savait aussi qu’il retournerait chez lui pour aider la communauté basket qui avait fait tant pour lui lorsqu’il était plus jeune.

“Cela veut dire beaucoup pour moi parce que j’ai passé tellement d’années ailleurs,” a-t-il dit. “Je suis parti de Toronto quand j’avais 18 ans et maintenant j’en ai 34 ans. Il y a eu beaucoup trop d’années entre les deux et ça veut dire beaucoup pour moi. Je ne serais pas aller ailleurs.”

Après avoir passé plus de 12 ans à jouer avec Équipe Canada à différents niveaux, il a pu voir comment le basket avait explosé au Canada lorsqu’il évoluait à l’étranger pour construire sa propre carrière. Et cela a été vraiment gratifiant pour Shepherd. Quand il est parti pour jouer au niveau universitaire, le rêve de jouer en NBA pour un Canadien était difficile à réaliser, alors qu’aujourd’hui c’est ce que les jeunes talents canadiens attendent.

“C’est un sentiment incroyable d’accomplissement parce que tu sais maintenant que tu faisais partie de cette base,” a dit Shepherd. “La génération suivante a continué sur ce chemin et s’est améliorée et a innové,” a dit Shepherd. “Je n’ai pas accompli mon objectif principal de jouer en NBA, mais si on regarde bien, on a un nombre record de joueurs canadiens qui jouent en NBA. Tout ce qui a pu se passer avant a aidé à jeter les bases. Leurs accomplissements sont aussi les miens et je les fête aussi. Voir Jamal Murray exploser, voir Cory Joseph entamer sa 10ème année, voir Tristan [Thompson] remporter un titre, voir Kelly [Olynykl] aller en finale. Voir tous les gars avec qui et contre qui j’ai joué, passer de jeunes joueurs à joueurs expérimentés et accomplis est un sentiment incroyable.”

Avec le titre de directeur général à Ottawa, Shepherd va maintenant avoir la charge de donner des opportunités aux basketteurs canadiens qui le méritent et qui souhaiteraient jouer au niveau professionnel sans avoir à quitter leur pays.

“Je pense qu’il faut juste mettre les pièces du puzzle ensemble,” a-t-il dit. “C’est presque comme un projet et je suis très content du résultat. Quand je reçois des courriels du personnel des Blackjacks d’Ottawa, je sens qu’il y a beaucoup de soutien. Je suis littéralement là pour mettre les pièces du puzzle ensemble. Le système de soutien là-bas est incroyable et j’ai juste hâte de me mettre au travail.”

Beaucoup de choses ont changé en matière de basket au Canada depuis que Shepherd est parti à l’étranger pour démarrer sa carrière. Entre le nombre record de joueurs canadiens en NBA comme il l’a mentionné et le premier titre de champion NBA pour la franchise des Raptors de Toronto en 2019, également évoqué, Shepherd est immensément fier de tous les progrès que le Canada a faits.

“Le paysage et la culture ont beaucoup changé, ce qui est une bonne chose,” a-t-il dit. “Il y a tellement d’opportunités pour la jeunesse d’aujourd’hui. Canada Basketball fait du très bon travail avec leurs programmes pour les jeunes et leur programme d’identification des talents pour continuer sur les succès que l’on a eu et c’est génial aussi. Tout le monde fait des efforts et tout le monde en tire profit. Surtout et le plus important, les générations plus jeunes.”

Alors que l’ancien coéquipier de Canada Basketball Anderson sert de voix et de système de soutien pour Shepherd pour les premiers jours de sa nouvelle carrière, Shepherd dit que les liens comme celui-ci sont communs parmi les anciens coéquipiers de Canada Basketball. Alors que pour lui, son expérience avec l’Équipe Nationale Senior Masculine lors des Championnats du Monde FIBA 2010 en Turquie est un des grands moments de sa carrière, il dit que ce sont les amis et la famille qu’il s’est fait en chemin qui compte le plus.

“Les relations, l’esprit de camaraderie, il n’y a rien qui peut remplacer ça,” dit Shepherd. “Cela passe avant tout. Ces souvenirs resteront pour toujours. Ces gars sont incroyables. J’ai reçu des messages de Jesse Young l’autre jour, Andy Rautins, Rowan Barrett, Steve Nash. On partage toujours des souvenirs qui restent gravés. C’est un vrai lien.”

Plus récemment, on a pu constater ces liens quand Ottawa a annoncé la nomination d’Andy Rautins au poste de directeur général adjoint des BlackJacks. Même si leurs carrières de joueurs ont pris des chemins différents, Shepherd et Rautins partagent tous les deux le même but qui va au-delà de la tâche qui leur a été confiée.

“Nous souhaitons être les mêmes mentors pour la prochaine génération qui va partir à la retraite dans les 10 prochaines années [que nous avons eu de ceux qui sont partis à la retraite avant nous], pour qu’ils puissent s’adapter plus facilement aussi,” a dit Shepherd.

Constatant l’amélioration des jeunes joueurs ainsi que les progrès du développement des jeunes au Canada, Shepherd souhaiterait parfois pouvoir voyager dans le futur pour voir ce qui va se passer dans les prochaines années.

“J’ai hâte de voir ce que cela va donner pour le Canada,” dit-il. “Il faut continuer de développer nos talents, je vais devoir y contribuer et j’ai hâte de devenir une voix pour la nouvelle école.”

Avec un nouveau titre, un nouveau projet excitant et le basket toujours dans ses plans, Shepherd est satisfait. Extrêmement reconnaissant de la façon dont les choses se sont déroulées, Shepherd dit qu’il sait qu’il n’y a pas mieux que pouvoir combiner sa passion et son but. “La vraie joie et la vraie richesse, c’est de vivre sa passion,” dit-il.