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Questions - réponses : Le Montréalais Jayson Stiell évoque sa carrière et donne des conseils aux jeunes arbitres

CBOC

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22/2/2023

Jayson Stiell est un officiel certifié de niveau FIBA venant de Montréal au Québec avec plus de 20 ans d’arbitrage à son actif. Arbitre au plus haut niveau au Canada et sur la scène internationale, Stiell est un pilier des rencontres U SPORTS, CCAA, et LECB sur la touche.

Plus récemment, Stiell a été reconnu par la LECB pour son palmarès d’arbitre et a remporté le prix d’officiel LECB de l’année 2022 pour sa troisième saison au sein de la ligue après avoir arbitré la finale du championnat en 2021 et en 2022. 

Parle-nous de ton parcours d’arbitre de basketball. Qu’est-ce qui t’a motivé à poursuivre cette carrière ? 

J’ai joué au basketball de rue à Montréal pendant environ six ou sept ans, puis j’ai arrêté de jouer. J’ai un peu entraîné mais je jouais encore et je me suis mis à l’arbitrage. 

Je jouais dans une ligue en 2003 et un des arbitres n’est pas venu. On m’a dit « veux-tu arbitrer le match ? » et j’ai répondu « oui, je pense ». J’ai arbitré le match et on m’a donné 20$ et je me suis dit « Oh on me paye pour ça en plus ? Super ! »

Quand j’avais 15 ans, j’ai commencé à arbitrer avec notre association locale. J’ai constaté rapidement qu’il y avait une structure, qu’on pouvait monter de niveau et arbitrer au niveau universitaire. Une des personnes à qui j’ai parlé au sein de l’organisation était le président de l’époque et il s’appelait Mike Homsy. Il avait obtenu sa licence FIBA, il avait été aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques. J’ai discuté avec lui et j’ai décidé que c’était ce que je voulais faire. Je voulais être un arbitre au niveau universitaire et je voulais obtenir ma licence FIBA. En 2012, une opportunité est survenue. J’ai passé avec succès tous les tests et j’ai fini par obtenir ma licence FIBA.

À l'époque, je savais déjà arbitrer une rencontre de basketball mais à chaque fois que je passais au niveau supérieur, il y avait une nouvelle opportunité. Il y avait toujours quelque chose et puis je me suis dit « Bon, je vais devoir prendre ça encore plus au sérieux ». C’était vraiment super. 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans l’arbitrage ?

J’adore le défi. 

Comme on dit « On vise la perfection, en espérant simplement faire un très bon match » Monty McCutchen disait « On vise la lune, mais si on ne l’atteint pas, on atterrit dans les étoiles. » Ça ne s’arrête jamais, il y a toujours des façons de s’améliorer. Le jour où on arbitre le match parfait c’est le jour où on arrête. Ça n’arrivera jamais.

Quel est le match le plus mémorable que tu as arbitré ?

Il y en a plusieurs, mais le plus récent c’était mon deuxième match des éliminatoires de la Coupe du monde l’été dernier.

J’ai eu l’opportunité d’arbitrer les équipes senior masculines de Porto Rico et du Mexique. Il y avait une vraie rivalité. La rencontre s’est jouée à Porto Rico, c’était la première fois que j’y allais et la salle était comble, il y avait 11 000 personnes. Le match est allé en prolongation. Je fais ça depuis 20 ans mais je me souviens très particulièrement de cette partie. Porto Rico tirait les lancers francs et ma main tremblait.  

J’étais excité — Il n’y avait qu’un point d’écart et le match s’est joué devant une foule hostile de 11 000 spectateurs qui donnaient de la voix. J’ai arbitré pas mal de matchs internationaux, mais celui-ci m’a particulièrement marqué.

 Peux-tu parler de l’importance du Sommet des arbitres noirs ? Quel impact cela peut-il avoir sur l’avenir de l’arbitrage ?

Je pense que c’est une excellente initiative. 

 Merci à Vern Bovell qui a créé cela après avoir identifié quelques-uns des problèmes systématiques présents dans le monde de l’arbitrage. Cela a eu lieu pour la première fois l’année dernière et j’ai eu la chance de prendre part à ce sommet. J’espère que nous allons nous en servir pour faire mieux. Mais c’est sûr que c’était une révélation pour beaucoup de gens. Cela nous a aidé à identifier les problèmes que nous avons. C’était un pas dans la bonne direction et j’espère que nous allons continuer sur cette voie.

Vous n’êtes que deux officiels noirs certifiés FIBA au Canada. Qu’est-ce qu’on peut faire pour faire avancer notre sport et augmenter la représentation en arbitrage ? 

C’est intéressant de constater que nous faisons la promotion du basketball au Canada en utilisant des joueurs et des entraîneurs, mais il n’y a pas de promotion de l'arbitrage. C’est en arbitrage qu’on connaît le plus de difficultés - il nous manque énormément d’arbitres. Mais il n’y a pas de marketing. En faisant cette entrevue, un enfant noir peut voir ça et se dire « Oh c’est plutôt cool. Peut-être que je vais me mettre à l’arbitrage et voir ce qui arrive et jusqu’où je peux aller. »

Je pense que la promotion des officiels et la promotion des officiels noirs aidera à résoudre notre problème lié au manque d’arbitres mais cela nous aidera aussi à augmenter la participation des arbitres noirs.

En 2008, le championnat national masculin de la CCAA a eu lieu sur la Rive-Sud du Québec. Je suis allé au tournoi pour voir les matchs parce que j’adore le basket. J’ai vu Mike Falloon, qui vient de Toronto, et qui représentait l’Ontario à ce tournoi. Mike est un arbitre jamaïcain petit, et je me suis dit « Ouah, regarde ce gars. Il y a un gars qui me ressemble et qui arbitre au plus haut niveau à un tournoi national. Je veux être comme lui. »

Lors de ce tournoi, nous avons échangé nos coordonnées. Depuis c’est devenu un mentor. Si nous pouvons avoir la même expérience avec les jeunes joueurs ou entraîneurs noirs, on dira « Bon, s’il peut le faire, peut être que moi aussi je peux le faire. »

 Qu’est-ce que ça vous a fait d’avoir été nommé Officiel LECB de l’année 2022 ?

C’était vraiment cool. Mais comme tout, c’est à double tranchant.  

Vous êtes nommé arbitre de l’année puis tout le monde s’attend à ce que vous soyez le meilleur ! Mais ensuite vous arbitrez et sifflez et on vous dit « Ce gars est l’arbitre de l'année, sérieusement ? » C’était super d’avoir reçu ce prix. J’ai pu rencontrer des personnes à la réception. Tout le monde m’a vu sans mon uniforme d’arbitre. Donc c’était sympa de parler avec des gens de la vie et d’autres choses en dehors du terrain de basket.

Ils ont invité mes parents à la réception et j’ai partagé ce moment avec eux, donc c’était une expérience vraiment cool.

 Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes officiels ou aux individus qui pensent à se mettre à l’arbitrage ?

Aspirez à être le meilleur arbitre possible. Quand vous vous auto-évaluez, si vous êtes satisfait de ce que vous voyez dans le miroir, c’est le but ultime. À la fin, je veux pouvoir me regarder dans le miroir et dire « Je suis satisfait. Je suis content du travail que j’ai fait. »