Par : Holly MacKenzie
TORONTO, Ont. (le 10 juillet 2020) – Après une carrière internationale de 12 ans, Jermaine “Rock” Anderson apprenait à utiliser Google Drive. Après plus de 15 destinations dans son parcours en basketball, Anderson était de retour à la maison, à Toronto, et aussi de retour à l’école, en tant qu’étudiant à la Ted Rogers School of Management de Ryerson.
“Oh, les premiers mois étaient compliqués,” a dit Anderson en riant. “Passer des déplacements autour du monde à la salle de classe, où j’étais assis 15 heures par semaine, puis devoir faire ses devoirs pendant 10-15 heures, ce n’était pas un ajustement facile.”
Le rôle de la technologie dans la vie d’un étudiant a beaucoup changé depuis ses années d’athlète-étudiant à l’Université Fordham de New York.
“Je me souviens avoir été diplômé, avoir imprimé tout mon travail, puis l’agrafer et le rendre,” a dit Anderson. “Mais aujourd’hui j’ai dû apprendre Google Drive et Google Hangouts, Zoom. Je n’ai jamais utilisé ça à l’étranger. La courbe d’apprentissage était raide, mais tout ça et fini et je suis très content.”
Anderson est très heureux de revenir chez lui, enfin. Il est aussi content de commencer la prochaine étape dans son après-carrière d’athlète, en tant que Directeur Général des Honey Badgers d’Hamilton en LCEB. Après être passé de pays en pays à la recherche du meilleur contrat et de la meilleure situation en tant que joueur depuis tant d’années, Anderson va maintenant avoir la tâche d’attribuer des contrats lui-même et de construire une équipe. Et parfois ces contrats ont été donnés aux joueurs avec qui il a récemment partagé le parquet.
“Les gars qui sont dans mon équipe, j’ai joué avec eux il y a quelques années,” a dit Anderson. “C’est une dynamique intéressante, négocier avec ces joueurs avec qui ou contre qui j’ai joué. C’est assez drôle.”
Comme la plupart des athlètes, Anderson a commencé à être anxieux vers la fin de sa carrière de joueur, ce demandant ce qui allait se passer après. Intéressé par la finance, il s’est dit que la prochaine phase de sa carrière allait être dans ce secteur et il s’est préparé en conséquence, en étudiant pendant son temps de repos en Allemagne, ce qui lui a permis d’obtenir les certifications CSC et LLQP pendant sa préparation. Grâce à une conversation avec l’entraîneur de Canada Basketball Roy Rana, Anderson a réalisé que même si la finance le passionnait, il n’était pas prêt à abandonner le basketball complètement. Son parcours en gestion du sport a aidé Anderson à combiner ses deux intérêts.
Même si Rana soutenait complètement les projets d’avenir d’Anderson, il a demandé à son ancien joueur de faire un peu de recherche pour voir le nombre de personnes de couleur qui avaient actuellement un poste en management du sport (malheureusement, pas assez) et il lui a demandé comment il allait faire pour devenir l’un d’entre eux. Rana, qui est actuellement entraîneur adjoint des Kings de Sacramento en NBA, était entraîneur à l’Université de Ryerson. Il a parlé à Anderson du programme MBA en affaires du sport de l’école et, même si Anderson était au début hésitant à l’idée de redevenir étudiant, il est content d’avoir sauté le pas.
“C’était bien,” a-t-il dit. “J’ai toujours espéré devenir Directeur Général un jour, mais je suis content d’avoir pu décrocher ce rôle seulement quelques mois après avoir obtenu mon diplôme. J’ai pu mettre en pratique tout ce que j’ai appris en tant qu’athlète à l’étranger et la façon dont il faut communiquer avec les gens, mais aussi tout ce que j’ai appris pendant mon temps au sein du programme. Ça m’a énormément aidé. Contacter des joueurs, négocier des contrats et mettre en place une équipe, c’est une expérience géniale.
“En ce moment [avec les mesures de distanciation sociale et de quarantaine], avoir ce rôle m’a aidé parce que j’ai pu rester occupé mentalement et je travaille aussi pour que mon association [Fifty for Free] soit en ligne.”
En plus de son rôle en tant que Directeur Général des Honey Badgers, Anderson participe activement à aider les communautés. Grandir dans un foyer avec un parent lui a fait comprendre les barrières que pouvaient connaître les enfants dont les parents n’avaient pas beaucoup de moyens et qui voulaient faire du sport. Son association, Fifty For Free Youth Community Initiative, donne l’opportunité à la jeunesse de quartiers difficiles et marginalisés de faire du basketball et de suivre des programmes sur la finance gratuitement.
Anderson a eu l’idée d’une association caritative lorsqu’il était en Allemagne pendant la saison 2015-2016. Le but, dit-il, était d’associer ses deux passions, le basketball et la finance.
“La finance n’est pas quelque chose qui est enseigné dans notre système d’éducation,” a-t-il dit. “Je voulais aider à combler le vide pour les jeunes de la communauté. Je voulais utiliser mon réseau pour que ces enfants y aient accès. Quand j’étais petit, sans père, j’ai pu compter sur des personnes de ma communauté, différents entraîneurs, des gens qui m’ont aidé dans mon parcours et c’est ma manière de rendre ce qu’on m’a donné.
“C’est gratuit pour les étudiants de communautés défavorisées,” a-t-il continué. “Nous voulons les aider à identifier leurs passions quand ils sont jeunes et nous voulons leur donner les outils nécessaires pour y arriver, nous voulons qu’ils soient équipés de sorte à ce qu’ils puissent capitaliser sur leurs compétences pour que lorsqu’ils changent d’environnement, ce ne soit pas un choc culturel pour eux. Pour moi, quand je vivais à l’étranger j’ai pu passer outre ce choc culturel et aujourd’hui je suis à l’aise dans tout type d’environnement. Pour les enfants qui n’auront peut-être jamais cette expérience, comment faire pour qu’ils soient confortables dans le monde des affaires au Canada ? Peut-être que ce seront les seules personnes noires dans la pièce. Nous essayons de casser différents cycles systémiques.”
Anderson a également participé à la discussion “Right To Play In Conversation: Ally is a Verb” en direct sur Facebook. Au côté d’autres athlètes et personnalités médiatiques noirs au Canada, Anderson a profité de cette occasion pour parler de ses propres expériences et écouter les autres membres du panel.
“J’ai aimé ça,” a dit Anderson. “Je crois que j’ai dit dans cette discussion que c’était thérapeutique pour moi d’entendre la perspective d’autres athlètes, de partager ce qu’ils endurent. En ce qui me concerne, j’ai tendance à internaliser les choses et le fait d’avoir pu m’ouvrir et de partager mon expérience, expliquer à tout le monde comment je me sens, tout cela m’a aidé. On a pu parler de l’importance de ce que signifie être un allier et de ce que les entreprises et les gens peuvent faire pour aider à casser ces cycles qui existent encore et j’espère que les personnes qui écoutaient ont pu tirer quelque chose de cette conversation. Pour moi personnellement, c’était thérapeutique et je suis content d’avoir pu partager mon histoire.”
Même si le rôle d’Anderson est maintenant de créer sa propre équipe de basketball, il dit qu’il doit beaucoup à l’ancien entraîneur-chef de l’Équipe Nationale Senior Masculine Jay Triano qui l’a aidé à construire sa propre carrière de joueur avec l’équipe nationale.
“Je suis extrêmement reconnaissant et je remercie Jay Triano de m’avoir sélectionné,” a dit Anderson. “Il m’a appelé en 2003 à la fin de ma première année universitaire. Il m’a dit, ‘Hey Jermaine, tu veux travailler avec notre équipe et jouer contre Steve Nash tous les jours ?’ et j’ai répondu, ‘Quand dois-je venir ?’ J’ai intégré tout de suite l’équipe. Je commençais à jouer avec l’équipe senior et j’apprenais la job. J’ai aussi tissé des liens avec les gars. Pour être honnête, je ne savais pas ce que je faisais. J’essayé juste de me faire une place et de jouer à fond.”
Même si pour Anderson, son moment favori avec l’Équipe Nationale Senior Masculine est quand ils se sont qualifiés pour les Championnats du Monde, il existe un autre moment important pour l’ancien capitaine d’Équipe Canada. Celui-ci a eu lieu à l’aéroport en 2005, une année après qu’Anderson ait rejoint le programme, pendant que l’équipe attendait à la salle d’embarquement de prendre leur vol. Contrarié parce qu’il ne jouait pas et pensait mériter plus de temps de jeu, Anderson a eu une conversation franche avec son entraîneur Leo Rautins qui a été honnête avec lui et lui a dit qu’il n’avait pas encore une bonne compréhension du basketball FIBA pour avoir les minutes de jeu qu’il demandait.
“À partir de ce moment, j’ai changé mon approche et le processus,” a dit Anderson. “J’ai digiré ça et ça m’a aidé, et Leo et moi sommes extrêmement proches depuis. Je le considère comme une figure paternelle dans ma vie et il a été honnête et vrai avec moi. Cela m’a forcé à grandir en tant que joueur et en tant que personne. Quand il me l’a dit c’était par amour. Ce n’était pas comme un contrat ou on te paye tant et tu ne joues pas bien, c’était par amour.”
Cette conversation a influencé la façon dont Anderson espère fonctionner dans son nouveau rôle de Directeur Général.
“La confiance et la communication sont deux choses qui font partie de moi,” a dit Anderson. “J’apprécie quand les gens sont honnêtes et directes et c’est le cas avec les gens avec qui j’ai pu parler à Canada Basketball tous les jours pendant 14 ans. Je me souviens de Pékin comme si c’était hier. C’est vrai que le temps passe vite et c’est pour ça que c’est extrêmement important pour nous de tirer avantage de chaque occasion. S’il y a bien une chose que je me suis dit si jamais j’allais un jour avoir ce rôle, c’est que je ne mentirai jamais à un joueur. J’espère que je ne mentirai jamais à un joueur dans ma vie. Leo et d’autres personnes ont été francs avec moi et ça m’a aidé.”
Même si ces moments à jouer pour le Canada sont maintenant dans le rétroviseur, la passion d’Anderson pour le programme sera toujours là.
“S’il y a bien une chose que je dirais à propos de toute ma carrière de joueur, c’est que jouer pour le Canada a été l’expérience la plus mémorable et la plus plaisante,” a-t-il dit. “C’était la seule fois où je sentais que je pouvais jouer sans me soucier d’autre chose. La seule chose qui était importante à mes yeux était la victoire. Juste gagner des matches. En tant que pro, c’était plutôt, quelles sont tes stats ? Quel est ton pourcentage aux tirs ? Mais quand on joue pour le Canada, seule la victoire est importante.”.
Anderson dit que ses amitiés avec ses anciens coéquipiers de l’équipe nationale dureront dans le temps. Lors d’un récent voyage, il a visité la maison de Carl English en Terre-Neuve et il a aussi passé du temps dans la maison de Jermaine Bucknor en Allemagne durant une visite.
“C’est de l’amour, “ a dit Anderson. “Ça ne partira jamais parce qu’une fois qu’on se bat avec quelqu’un pour la même chose pendant un certain temps, on lui fait confiance. C’est ce que nous avons et c’est pour cela que même si il est possible que nous n’allons pas nous voir avoir X nombre d’années, quand on se voit, tout est comme avant.”
Regardant en arrière et faisant preuve d’admiration pour les personnes qui l’ont aidé en chemin, Anderson a hâte de voir ce que l’avenir lui réserve tout en appréciant le présent. Il insiste aussi pour remercier toutes les personnes qui étaient pour lui à chaque étape de son parcours.
“J’aimerais juste remercier toutes les personnes qui m’ont aidé pendant mon parcours,” a-t-il dit. “Tous les enseignants, les éducateurs dans la communauté, Canada Basketball qui m’a autorisé à garder mon poste quand je faisais mon MBA, tout cela m’a beaucoup aidé. Je veux remercier [le Président des Honey Badgers d’Hamilton] John Lashway pour m’avoir permis de de devenir Directeur Général, et de m’avoir fait confiance pour former une équipe pour son organisation. Merci à tous.”
Et au sujet de son temps passé avec l’uniforme du Canada, Anderson était clair sur ce que signifiaient pour lui ces souvenirs et l’organisation en son tout.
“Canada Basketball est dans mon cœur,” a-t-il dit. “Peu importe ce que je vais faire d’autre, je suis extrêmement reconnaissant envers l’organisation et pour tout ce qu’ils ont fait pour moi ainsi que toutes les expériences dont j’ai pu bénéficier en voyageant, en jouant et en me battant.
“Canada Basketball est dans mon cœur. C’est comme ça que je vois les choses.”